Présentation
L'historien des couleurs Michel Pastoureau nous raconte la fabuleuse histoire de la couleur bleue. Ou comment en quelques siècles, une couleur de second rang est devenue celle que les Occidentaux considèrent comme leur préférée.
Définition du vocabulaire peu courant
- adj.
- n.m. Qui est l'opposé de.
- n.m.
- #Minéralogie « Pierre précieuse moins dure que le diamant, transparente et de couleur bleue. » dixit Académie 8 champ : bleu
- …▼
- adj.inv. …▼
- adj. De l'Égypte.
- n.m.
- #Philosophie #Psycho « Acte par lequel le sujet prend connaissance des objets qui ont fait impression sur ses sens. » dixit Académie 8
- …▼
Informations
La couv' (en haut de la présente page) et les numéros de page (ci-dessus) ne correspondent pas à la même édition de Bleu. Histoire d'une couleur..
Les numéros de page correspondent à la version poche (parue chez Points en 2020) :
Éditeur | Points |
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ISBN | 978-2-7578-8704-2 |
Date de parution | 2020 |
Nb pages | 171 |
La couv' correspond à version beau livre (parue chez Seuil en 2000) :
Date de parution | 2000 |
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Éditeur | Seuil |
Auteur | Michel Pastoureau |
Quelques remarques en vrac
Le bleu, une couleur insignifiante devenue au fil des siècles couleur de premier ordre puis, consécration ultime, couleur préférée des adultes occidentaux. Voici grossièrement résumée l'intrigue de Bleu. Histoire d'une couleur. S'il fallait expliquer non moins grossièrement ce succès paradoxal, disons que le bleu l'a justement dû à son faible poids symbolique 1 (contrairement au rouge par exemple) et à sa discrétion (quasiment absent des couleurs liturgiques ; quasiment absent des marques discriminatoires2).
En outre, le bleu a bénéficié de plusieurs "agents" de promotion.
En premier lieu, la Vierge Marie, dont le culte gagne en importance au Moyen Âge, en même temps qu'elle commence à être représentée en bleu. Jusqu'alors, dans l'art, on lui faisait volontiers porter un habit de couleur noire, celle du deuil (elle porte celui de son fils). Le passage du noir au bleu s'opère via le bleu foncé, en douceur, signe que le bleu est une couleur plutôt neutre.
Autre "promoteur" de premier ordre : le roi de France, dont les fleurs de lis armoriales sont figurées sur un champ d'azur.
Les XIIe et le XIIIe s. font donc du bleu une couleur de premier plan. Avec le rouge, elle forme un couple que l'on retrouve sur de nombreux vitraux. Symboliquement en revanche, tout les oppose. Le rouge est matériel et festif. Le bleu est spirituel et moral.
La moralisation du bleu s'affirme avec la Réforme protestante (XVIe s. et XVIIe s.), laquelle juge immorales les couleurs vives. Le noir n'est pas concerné (tant qu'il n'est pas luxueux), et dans son sillage le bleu3. La mode du rouge décline ; laissant une grande place à celle du bleu.
La mode du bleu est favorisée par des teintures performantes (à moins que ce ne soit l'inverse), l'utilisation d'un pigment stable et profond (l'indigo) et une grande valorisation par le mouvement romantique. Au croisement du vêtement bleu et du romantisme, il y a le personnage éponyme du roman de Goethe Les Souffrances du jeune Werther, dont le succès phénoménal concourt à propager la mode du bleu à travers toute l'Europe. Au XXe s., le triomphe du bleu vestimentaire est assuré par l'invention outre-Atlantique du blue-jean. En France, la mode du bleu gagne même les uniformes. Plusieurs corps de métiers passent du noir au bleu marine : marins, gendarmes, pompiers, facteurs etc.
Michel Pastoureau offre une synthèse chronologique du triomphe du bleu :
- 12e s. : promotion théologique et valorisation artistique
- 13e s. : prouesses des teinturiers
- 14e s. : primauté héraldique
- 16e s. : dimension morale donnée par la Réforme protestante
- 18e s. : peinture (découverte du bleu de Prusse) et teinture (utilisation de l'indigo à grande échelle)
Notes.
- 1 Précisons que Michel Pastoureau cantonne ses recherches au monde occidental. Dans l'Égypte antique par exemple, le bleu revêtait une symbolique forte : couleur bénéfique, capable de repousser les forces du mal. Elle servit par conséquent à peindre différents objets funéraires qui devaient accompagner les morts.
- 2 Contrairement au blanc, au noir, au vert, au jaune et au rouge. Si l'on aime à citer le cas des prostituées qui devaient porter un habit rouge, ou au moins un signe distinctif de couleur rouge, précisons que les discriminations basées sur les couleurs n'ont jamais été gravées dans le marbre : elles changeaient d'une époque à l'autre et d'une région à l'autre.
- Dico bleu
- 37 mots